05 Défis en matière de santé psychique

En Suisse, neuf personnes sur dix interrogées mentionnent connaître quelqu'un de leur entourage n’allant pas bien : ils et elles seraient prêt·e·s à aider, mais disent ne pas savoir comment. Il existe un consensus selon lequel il serait dans notre intérêt à tous et toutes qu’une majorité des adultes soient capables d’administrer les premiers secours dans des situations de danger de mort. Il y a vingt ans, un cours de premiers secours en santé psychique a été développé en Australie, sur le modèle (structure, conception) des cours de premiers secours d’urgence. Les cours ont fait l'objet d'un développement continu et d'une recherche intensive. Aujourd'hui, ces cours sont disponibles sous licence australienne dans 27 pays, avec près de quatre millions de secouristes formé·e·s. En Suisse, la Fondation Pro Mente Sana est titulaire d'une licence et propose les cours sous le nom «ensa - Premiers secours en santé mentale» en français, allemand, italien et anglais. Leur efficacité a déjà été prouvée scientifiquement (voir mhfa.com.au/research/mhfa-course-evaluations).

Les cours de premiers secours se composent de quatre parties et enseignent les connaissances de base en matière de santé psychique ainsi que les tableaux cliniques les plus importants. Une partie du cours consiste en une transmission de connaissances. Toutefois, il est au moins aussi important de réellement s’exercer à pratiquer les premiers secours et de développer ainsi les compétences et les aptitudes nécessaires pour être en mesure d’apporter de l’aide en situation réelle.

Les personnes non-spécialistes qui ont appris et pratiqué les premiers secours en santé mentale contribuent à contrer la tendance selon laquelle les personnes se taisent et souffrent jusqu'à ce qu'elles n'en puissent plus, et celle d'un système d'aide qui attend qu'on le sollicite (voir également le chapitre 6). Les personnes formées peuvent constater lorsqu'un·e proche ne va pas bien et, grâce à des questions types, contribuer à ce que le trouble psychique soit évalué et traité par des professionnel·le·s beaucoup plus tôt qu’en règle générale. Les expériences menées en Australie et dans d'autres pays montrent que les personnes concernées acceptent généralement bien ces premiers secours. Dans une enquête suisse, à la question de savoir ce qu'elles souhaiteraient, les personnes interrogées ont répondu : pouvoir parler ouvertement et en toute confiance avec un·e proche et recevoir du soutien.

Il existe deux cours pour adultes adaptés aux écoles :

1. Le cours intitulé «Premiers secours en santé mentale orientés sur les adultes» montre comment des adultes peuvent apporter les premiers secours à d'autres adultes de leur entourage. Si 20% du personnel d’un établissement scolaire est formé, cela augmentera les chances que les collègues souffrant de stress psychologique se voient proposer une aide précoce, bien avant l'épuisement professionnel, par exemple.
2. Le cours intitulé «Premiers secours en santé mentale orienté sur les jeunes» montre aux adultes comment ils et elles peuvent apporter les premiers secours aux adolescente·s qui leur sont confié·e·s. L'idéal serait que tous les titulaires de classe soient formé·e·s aux premiers secours.

Les expériences internationales avec les «Premiers secours en santé mentale orienté sur les jeunes» montre que les enseignant·e·s ont tendance à se montrer réticent·e·s avant de suivre le cours. Ils et elles ne veulent pas traiter ce sujet «en plus de tout le reste» et estiment que le temps à investir est trop important. Après le cours, les réactions sont pourtant très positives : les enseignant·e·s rapportent qu'ils et elles peuvent tirer profit des connaissances acquises et qu'ils et elles ont développé des compétences et des aptitudes qui leur sont utiles dans la vie scolaire quotidienne, leur font gagner du temps et facilitent leur travail. En outre, ils et elles reconnaissent que le bon fonctionnement de l'école est fondamentalement remis en question si l'on «ne se sent pas concerné·e par ce thème» et si les élèves ne sont pas aidé·e·s professionnellement beaucoup plus tôt en cas de problèmes psychologiques.

En plus des deux cours décrits ci-dessus, il en existe deux plus courts, consacrés à des sujets spécifiques. Le premier s’intitule «Dialogue sur les premiers secours en cas d’idées suicidaires» et convient aux écoles qui souhaitent améliorer la prévention du suicide ou qui ont été touchées par un suicide. Le second s’intitule «Dialogue sur les premiers secours en cas d’automutilation sans intention suicidaire» et traite des comportements autodestructeurs. Les enseignant·e·s ou autres adultes travaillant dans une école y reçoivent les connaissances nécessaires sur de tels comportements, fréquents chez les jeunes, et apprennent à prodiguer les premiers soins.

Tous les cours et webinaires de l'ensa accessibles au public sont disponibles sur www.ensa.swiss et peuvent être réservés directement en ligne. Pour les cours internes à une école, une offre peut être demandée à la Fondation Pro Mente Sana.